"Pour moi, ma vie était finie" : victime d'un violent home-jacking, le "roi du Sentier" témoigne dans "Sept à Huit"

par T.A. | Reportage "Sept à Huit" Julie DULAC et Tony CASABIANCA
Publié le 6 mai 2024 à 11h48

Source : Sept à huit

L'an dernier, les autorités ont recensé 515 cas et tentatives de home-jacking en France.
Des anonymes, mais aussi de plus en plus de célébrités, en sont victimes.
Tahir Bhatti, l'homme d'affaires qui a inspiré le film "La Vérité si je mens", raconte son expérience traumatisante dans une enquête de "Sept à Huit" consacrée à ces cambriolages violents.

Il ne pensait pas que des voleurs pourraient accéder à son appartement. Tahir Bhatti, homme d'affaires d'origine pakistanaise, s'est fait dérober près d'un million d'euros en 2018. À l'époque, il est victime d'un home-jacking, ces cambriolages violents réalisés en présence des occupants d'un logement. Une pratique de plus en plus répandue, puisque 515 cas et tentatives de home-jacking ont été recensés en France l'an dernier, soit une progression de 8%. Les cibles des malfaiteurs ? Des anonymes vivant dans des quartiers cossus, mais aussi des célébrités.

Tahir Bhatti, lui, s'est fait connaître grâce à ses affaires florissantes à Paris dans les années 80. Il est alors surnommé "le roi du Sentier" et inspire le personnage principal joué par Richard Anconina dans la saga de films "La Vérité si je mens". Une personnalité qui se pensait protégée de tout risque de cambriolage. Il vit en effet au dernier étage d'un quartier chic et ultra-sécurisé, dans le XVIᵉ arrondissement de la capitale. Seulement voilà : il ne s'imaginait pas que les délinquants allaient s'introduire chez lui... par le toit. 

"Je croyais qu'ils voulaient me brûler avant de partir"

Le soir de son home-jacking, l'entrepreneur d'origine pakistanaise dort dans sa chambre fermée à clé, comme il en a l'habitude. Vers minuit et demi, il est soudainement réveillé. "Ils ont cassé la porte, raconte-t-il dans le reportage de "Sept à Huit" en tête de cet article, à retrouver ici en replay après sa diffusion ce dimanche. Je me suis levé, ils ont mis deux pistolets sur mes tempes. Ils m'ont caché la tête avec un blouson, puis m'ont mis par terre avec des menottes." Les cambrioleurs se mettent ensuite à fouiller de fond en comble son appartement. Ils l'aspergent aussi d'un produit liquide. "Je croyais qu'ils voulaient me brûler avant de partir, pour moi, ma vie était finie", se remémore-t-il aujourd'hui. Finalement, selon la police, ces substances ont été utilisées par les voleurs pour effacer leurs empreintes digitales.

Pendant quatre heures, ils dépouillent son domicile. Six montres de luxe, des sacs de créateurs, des dizaines de bracelets : le butin est important. Des œuvres d'art lui sont aussi subtilisées. Un tableau signé de Salvador Dalí, estimé selon son propriétaire à près de 800.000 euros, lui est notamment volé. La toile a été découpée aux ciseaux directement sur le mur, ne laissant qu'un cadre vide accroché à la paroi. Cette peinture lui avait été offerte par l'ancien président du Pakistan pour l'honorer de sa réussite en France. "Même si c'est un mauvais souvenir, je n'ai pas envie de l'enlever", justifie-t-il, face au cadre toujours accroché.

Des séquelles physiques six ans après

Six ans après son home-jacking, Tahir Bhatti reste physiquement marqué par ce violent cambriolage. Il y a un mois, il a été contraint de fermer son magasin à cause des séquelles physiques de l'agression qui l'a brisé. Avoir été menotté durant quatre heures a eu pour conséquence de déplacer l'une de ses cervicales. Aujourd'hui, il passe des heures à rééduquer sa main gauche, dont il a perdu l'usage. Depuis quelque temps. Il perd aussi l'équilibre. "Je tombe par terre, j'ai des malaises, j'en ai eu deux fois à mon bureau, poursuit-il. Je n'arrive pas à rester debout, j'ai peur. Quand toute la vie, vous avez travaillé et que vous terminez comme ça, c'est triste."

Comme lui, ces derniers mois, de nombreuses personnalités ont été victimes de home-jackings. La liste est malheureusement longue : la chanteuse Vitaa, le gardien du PSG Gianluigi Donnarumma, l'influenceur JustRiadh, l'animateur Bruno Guillon, le chef Jean-François Piège ou encore la journaliste Anne-Sophie Lapix. Selon la police, les auteurs de ce type de délit, parfois très jeunes, sont souvent retrouvés par les autorités.


T.A. | Reportage "Sept à Huit" Julie DULAC et Tony CASABIANCA

Tout
TF1 Info